Personne ne l’avait vu venir. En l’espace de quelques semaines, le Gripen vient de remporter deux contrats importants au nez et à la barbe du Rafale. Le gouvernement brésilien a annoncé mercredi avoir choisi l’avion de chasse suédois pour équiper les forces aériennes de la nation au drapeau auriverde. Un nouvel échec pour l’avion de combat français défendu depuis 2007 par Nicolas Sarkozy puis François Hollande, qui passe à côté d’un contrat portant sur l’achat de 36 appareils pour un montant estimé à plus de cinq milliards de dollars.
En septembre dernier, malgré un référendum d’initiative populaire dénonçant le contrat, la Suisse s’était déjà tournée vers l’avion de combat multirôles suédois pour une commande de 22 appareils et un contrat de 2.6 milliards d’euros. Développé par le groupe Saab dans les années 1980 et mis en service en 1996 dans l’armée de l’air suédoise, le Gripen NG ne s’était exporté jusque-là qu’en Hongrie, en République Tchèque, en Afrique du Sud et en Thaïlande pour un peu moins de 280 appareils essaimés dans les flottes de ces cinq nations.
Le Gripen revient de loin
Avant ces surprenants succès, le Gripen était arrivé bon dernier de deux rapports confidentiels, commandés par l’armée de l’air suisse et l’évaluant aux côtés du français et de l’Eurofighter, développé par le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, dans le cadre de l’appel d’offre lancé par le gouvernement helvète. L’avion de chasse suédois était même le seul appareil à ne pas atteindre le seuil minimal de capacités attendues pour mener à bien sa mission de police aérienne, rapportait le site de La Tribune en février dernier.
Sans les révélations d’Edward Snowden, à l’origine des fuites sur le programme de surveillance mis en place par le renseignement américain, le F-18 de Boeing aurait très certainement raflé la mise au Brésil tant il apparaissait comme le favori de Dilma Roussef avant que les relations ne se rafraichissent entre les deux pays. Mais après plus de dix ans de discussions et de reports suite à des coupes budgétaires, la présidente du Brésil a finalement opté pour l’option la moins chère et promettant le plus de transferts de technologies, afin de pouvoir à terme fabriquer ces avions au Brésil et y développer l’industrie de la défense.